À Chartres

Nos origines et spiritualité

Père Louis Chauvet Le Père Louis Chauvet a reçu un don gratuit de Dieu pour fonder notre congrégation.

A la fin du XVIIe siècle, le Royaume de France était en proie à la misère.

Aussitôt arrivé à Levesville, il en comprit les besoins les plus urgents. Il perçut la nécessité d’instruire la population pour combattre l’indifférence religieuse, l’ignorance et la misère. Il voulut que les enfants apprennent à lire et à écrire pour pouvoir ensuite étudier et connaître la religion catholique, participer plus intimement aux cérémonies religieuses et pratiquer leur foi avec authenticité et profondeur.

Le Père Louis Chauvet conçut immédiatement un programme, en vue d’élever la condition de la population, au plan humain et spirituel.

Son projet put se réaliser, en partie grâce à Marie Anne de Tilly, une fille noble d’ Allaines. Ils préparèrent ensemble pour l’enseignement, deux filles de la campagne, Marie Micheau, la première Supérieure, et Barbe Foucault. Puis, appelées par l’Evêque, les Sœurs s’en allèrent à Chartres, en 1708. Mère Barbe Foucault fut la première Supérieure Générale élue par ses Sœurs en 1717.

L’Evêque de Chartres, Mgr. Paul Godet des Marais, reconnut et approuva la Communauté. Il lui attribua une maison dans le quartier de St. Maurice. Le Chanoine Claude Maréchaux fut désigné comme leur ” Supérieur ecclésiastique.” Par la suite, ce dernier reprit et compléta les règles établies par le P. Louis Chauvet.

Les Soeurs de St Paul sont des Soeurs de charité, qui tendent à la perfection de cette charité. Nos premières Sœurs ont vécu de cette grâce. Elles l’ont transmise aux générations suivantes,  et aujourd’hui, nous-mêmes avons reçu ce don.

NAISSANCE ET BAPTÊME

L’abbé Louis Chauvet vient de Pertuis, une ville dans le sud de la France dont l’histoire remonte au 10e siècle. Cette ville se situe en Provence, terre fertile et verdoyante avec ses vallées et collines décorées de vignes, de vergers, de champs de lavande dans un magnifique paysage.

Il est né le 16 février 1664. C’est le troisième enfant de Noé Chauvet, un riche marchand, et de Marguerite de Laforest. Il fut baptisé le lendemain de sa naissance à l’église paroissiale de Saint-Nicolas à Pertuis.

L’appel au sacerdoce

Le jeune Louis Chauvet dût pressentir tôt sa vocation. Un document daté du 19 novembre 1685 montre que Noé Chauvet avait apposé sa signature pour attester que son fils Louis avait pris la décision de devenir prêtre. Trois ans plus tard, le 3 mars 1688, à l’âge de 24 ans, Louis Chauvet fut ordonné prêtre à la chapelle du Palais des Papes à Avignon, en France.

Quelque temps plus tard, d’après un document de la famille, il fit des études et obtint un doctorat en théologie.

De 1690 à 1694, il fut vicaire de la paroisse de Cergy dans la banlieue de Paris, puis, de 1692 à 1694, de la paroisse de Champrond-en-Gâtine, dans le diocèse de Chartres ; on retrouve sa signature sur des documents en tant que vicaire.

Pasteur missionnaire à Levesville-la- Chenard

En juin 1694, Louis Chauvet arriva à Levesville où il fut nommé curé. Levesville était un village à 38 kilomètres de la ville de Chartres. Il devint également pasteur des hameaux d’Abonville et d’Ensonville. Pendant 16 ans, l’abbé Chauvet se dévoua à améliorer les conditions humaines et spirituelles de ses paroissiens. Il fut un père spirituel pour tous : les pauvres, les enfants, les paysans, les artisans ainsi que les petits nobles. Il les accueillait dans son presbytère, les instruisait, leur conférait les sacrements, les visitait quand ils étaient malades, partageait leur joie aux mariages et aux baptêmes et les accompagnait à leur dernière heure.

Les choses ordinaires et communes semblaient neuves et d’une grande qualité sous l’inspiration délicate du jeune prêtre de Provence.

Cela était vrai vers la fin du 17e siècle, et cela l’est encore aujourd’hui : quiconque remarque et découvre les qualités cachées du père Chauvet, ne peut nier combien son attachement à la beauté révèle son don de faire ressortir la bonté autour de lui. On le voit à travers les transformations discrètes qu’il a su réaliser dans la paroisse de Levesville.

Le père Louis Chauvet avait ce don particulier de voir et de créer ce qui ne se limite pas seulement à la beauté structurelle : il avait non seulement rénové le mais fait créer jusqu’au cadran solaire – avec l’inscription « ultima latet » – qui existe encore aujourd’hui. Sa présence et la qualité de son ministère sacerdotal l’ont également amené à faire des changements dans la vie communautaire de sa paroisse. Son dévouement, son zèle ardent opéraient sans bruit comme le légendaire levain dans la pâte.

La plus grande transformation qu’il entreprit, vient d’un projet cher à son cœur et qu’il réalisa, à partir du moment où il put discerner la cause des grandes souffrances des pauvres dans la région de la Beauce.

Mis à part le fait que les campagnes étaient généralement négligées par les services publics, elles furent souvent aussi les dernières à recevoir les bénéfices et l’attention des congrégations religieuses, majoritairement installées dans les grandes villes.

Le charisme du fondateur

Quand le père Chauvet arriva en Beauce, il n’existait point d’organisation de secours pour les victimes des épidémies, ni pour les veuves et les vieillards abandonnés. L’ignorance de Dieu et l’impossibilité pour les populations indigentes de recevoir une instruction créaient une situation oppressive, ignoble.

La semence d’un projet religieux a pris racine dans le secret du cœur et de l’esprit du père Louis Chauvet. Bien qu’il n’eût jamais parlé ouvertement jusqu’alors, d’ouvrir une école à Levesville, il est enregistré dans les actes officiels de la paroisse, la date précise où il a fait un pas vers la réalisation de ce projet : « Le 28 avril 1695 le curé de Levesville loue 9 septiers environ pour l’entretien d’une maîtresse d’école. » (Acte notarié, bail des terres de la fabrique).

Désormais, la fondation d’une communauté religieuse enseignante n’est plus un simple rêve. Bientôt, sous les regards sceptiques de certains opposants, le jeune curé de Levesville trouva le moyen de transformer progressivement ce modeste village de la campagne en une communauté qui s’ouvre à l’esprit de l’Évangile. 

Comment a-t-il pu aider la jeune Marie-Anne de Tilly, âme fidèle à son devoir de fille aînée d’une famille noble mais ruinée, à se métamorphoser pour oser quitter la maison familiale et devenir maîtresse et co-formatrice des premières recrues ? Et encore plus tard, comment a-t-il su guider cette craintive et aimante fille, bravant les menaces de sa belle-mère pour vivre en communauté avec les filles des paysans, et en devenir deuxième supérieure ?

D’où venait l’audace et cette assurance de la jeune Marie Michaud, 17 ans, qui ne savait pas ce qu’était une école, mais qui sut se laisser façonner pour être d’abord une élève d’une vive intelligence, puis une maîtresse d’école, responsable en même temps de la première communauté des Filles de Levesville en 1700 ?

Qui aurait pu imaginer que la timide et silencieuse Barbe Foucault, auparavant domestique dans une grande ferme, dépasserait, elle aussi, sa timidité ? Elle parvint à acquérir cette tranquille audace qui fit d’elle une infirmière et la supérieure d’un hôpital, et sera en 1717, la première Supérieure Générale de la Congrégation élue par ses Sœurs.

C’est évident que, dans les cas cités, concernant Marie-Anne, Marie, Barbe et les premières Filles de l’école de Levesville, la transformation vient d’une conversion du cœur, d’une foi solide, traversée par l’épreuve, d’une patience mûrie dans la souffrance : une route pascale. Elles furent toutes façonnées à l’école de la spiritualité du père Chauvet.

Leur formation et transformation en disciples du Christ a favorisé la fondation de la Congrégation des Sœurs de Saint Paul de Chartres en 1696, l’ouverture de la première école en 1700 à Levesville et de là, dans tous les continents.

Elles furent les petits grains de blé tombés en terre, qui meurent pour donner une récolte abondante. Elles sont mortes jeunes, mais mûres pour la vie éternelle. 1702 : Mère Marie Micheau, 19 ans ; 1703 : Mère Marie-Anne de Tilly, 38 ans ; 1726 : Mère Barbe Foucault, 45 ans.

Le père Louis Chauvet, fondateur des Sœurs de Saint Paul de Chartres meurt le 21 juin 1710.

Il fut inhumé dans l’église de Levesville le 22 juin 1710.
En 1843, Mère Maria Rouyrre, Supérieure Générale, a fait transférer les restes du père Chauvet à la chapelle de la maison mère à Chartres.

 SPC ROME 2010

Si tu cèdes à l’affamé ta propre bouchée

et si tu rassasies le gosier de l’humilié,

ta lumière se lèvera dans les ténèbres…

Tu seras comme un jardin saturé,

comme une fontaine d’eau

dont les eaux ne déçoivent pas.

                Isaïe 58,10-11

SOURCE: LE PÈRE LOUIS CHAUVET,                                                                             FONDATEUR DES SŒURS DE ST. PAUL DE CHARTRES,   1710-2010